Euro : Trop fort ?
Les campagnes nationales qui se sont finies ont été l'occasion pour certains (Sarkozy, l'UMP, le FN) de critiquer la valorisation de l'euro face au dollar (et même au yuan et au yen d'après Sarkozy).
Les Français aiment critiquer. L'Europe est une cible privilégiée et facile car sa Commission ne réagit généralement pas aux attaques politiciennes qu'elle subit régulièrement.
L'Euro aurait donc été déclaré trop fort par les représentants de l'UMP, porte-parole du Medef une fois de plus dans ce scénario.
Actuellement autour de 1,36 dollars, l'euro est effectivement 65% au dessus de son taux le plus bas de 0,82 dollars pour un euro atteint en septembre 2000. Heureusement que Sarkozy compte mal car il a annoncé le chiffre de 33% qu'il sort on ne sait d'où ! A moins qu'il confonde l'euro, créé en 1999, avec la monnaie unique (opération politique mais formelle de 2002).
L'euro globalement déprécié :
En réalité, si on tient compte du taux initial de l'euro en 1999 (1,17 dollars pour 1 euro), l'euro a plus souvent été en dessous de ce taux qu'au dessus.
Ce sont donc nos partenaires économiques extra-européens qui pourraient se plaindre.
Echanges surtout européens :
La France ne subit pas énormément l'appréciation de l'euro dans ses échanges extérieurs sauf pour quelques entreprises assez emblématiques (comme EADS avec l'Airbus).
En effet, 90% des échanges extérieurs de la France se font avec les autres pays européens... qui ont la même monnaie que nous !
Sarkozy cache le vrai problème :
En accusant l'euro de tous les maux, Sarkozy détourne l'attention vers le vrai problème de la France : La compétitivité en baisse de ses entreprises liée à des défauts d'investissements autant matériels qu'intellectuels (recherche).
En effet, on observe que l'Allemagne et l'Autriche ont vu augmenter leurs exportations de 50% depuis 2000... avec la même monnaie que la France !!
Au lieu d'accuser trop facilement l'euro (et l'Europe) des maux français, Sarkozy devrait plutôt lancer un plan d'aide à l'investissement - notamment intellectuel - des entreprises pour préparer la croissance et les emplois de demain. C'est la position défendue par les sociaux-démocrates européens en tout cas.
Lancé dans une politique à courte vue et dogmatique, il nous mène assez fatalement au déclin économique.
...Déclin qui sera caché un temps par les pirouettes sur les chiffres du chômage mais cela ne saurait faire illusion très longtemps.
Déjà De Villepin en 2005 ne voulait pas comprendre le problème (Voir article ici), Sarkozy suit la même orientation que son ancien Premier ministre. Triste !