Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Frédéric LAVAL, Conseiller Départemental des Hautes-Pyrénées
Frédéric LAVAL, Conseiller Départemental des Hautes-Pyrénées
Derniers commentaires
26 juillet 2005

Ségolène Royal et les militaires

http://www.liberation.fr/page.php?Article=389704

Encadrement militaire : Royal n'a rien inventé

Entre 1986 et 2003, 6 000 jeunes délinquants sont passés entre les mains de l'armée. Sans rien de probant.

par Jean-Dominique MERCHET
QUOTIDIEN : mardi 13 juin 2006

L'idée de Ségolène Royal de confier les jeunes délinquants à un encadrement militaire n'est pas tombée du ciel. Sous le nom de JET (Jeunes en équipes de travail), la formule a même existé pendant dix-sept ans, jusqu'en 2003. Avec un succès mitigé, il est vrai. L'un des quatre centres JET était situé au Vigeant (Vienne), dans la région Poitou-Charentes. Chez Ségolène Royal, qui a eu, comme élue locale, l'occasion de s'en préoccuper au moment de sa fermeture.

Créés par la droite en 1986, maintenus par la gauche, les JET ont finalement été supprimés par Michèle Alliot-Marie. «Nous avons été victimes de deux très fortes oppositions : celle des éducateurs du ministère de la Justice, qui estimaient que ce n'était pas à des militaires de s'occuper de délinquants, et celle de l'armée de terre, qui pensait, elle aussi, que ce n'était pas son boulot», assure l'amiral Maurice Girard, dernier président de JET.

Beaucoup de sport. L'association, liée par une convention avec la Défense, avait été créée en 1986 sur une initiative du garde des Sceaux Albin Chalandon et du ministre de la Défense André Giraud. «L'idée de départ était que les armées ont l'habitude d'encadrer des personnes jeunes et pas toujours faciles», témoigne l'amiral Girard, ancien directeur du personnel de la marine. Il s'agissait d'organiser des «stages de rupture» d'une durée de quatre mois, à l'intention des jeunes délinquants. Au programme : remise à niveau scolaire avec des instituteurs, travail sur des chantiers forestiers, un peu de mécanique et beaucoup de sport.

Le dispositif s'adressait aux délinquants mineurs (deux centres) comme substitut à la prison et aux majeurs déjà condamnés, sur la base du volontariat. Au total, 5 800 jeunes sont passés par JET. Le ministère de la Défense fournissait l'encadrement : 80 officiers et sous-officiers par an, issus des trois armées et de la gendarmerie. En principe des volontaires, mais parfois des «volontaires désignés».

Les quatre centres, dans l'Oise, l'Isère, la Haute-Loire et la Vienne, représentaient une charge d'environ deux millions d'euros par an. «Environ 450 euros par jeune et par jour», assure l'amiral Girard. Une somme qui faisait tordre le nez aux militaires, notamment ceux de l'armée de terre, frappée de plein fouet par la suppression du service national.

«Irréaliste». «Notre taux de réussite était faible, reconnaît l'amiral Girard. Deux ans après leur passage chez nous, on estime que seul un bon tiers des jeunes n'était pas retombé dans la délinquance. Et le taux de réinsertion diminuait au fil des ans, les jeunes devenant de plus en plus violents.» En 2003, un rapport du Sénat sur «le soutien militaire à l'insertion des jeunes», rédigé par Michel Pelchat et Jean-Pierre Masseret (PS, proche de Ségolène Royal) pointait «la très grande difficulté de réussir à réinsérer ces populations».

Faut-il aujourd'hui relancer, voire élargir, ce dispositif comme le propose Ségolène Royal ? L'amiral Girard pense que c'est «irréaliste» : «On n'arrivera pas à remotiver l'armée de terre qui a eu la peau de ce projet. C'est dommage.»

Publicité
Commentaires
Publicité