Programme de Dominique Strauss-Kahn 25 : Handicap
Militant : S’agissant des personnes en situation de handicap, je souhaiterais connaître ton opinion sur la loi de février 2005 facilitant la scolarisation des élèves concernés dans des établissements ordinaires, et plus généralement la politique que tu entends mener sur le handicap.
Réponse de DSK : On vante dans bien des domaines – et parfois avec raison – le « modèle français ». S’agissant du handicap, je le dis clairement, notre pays France est l’un des mauvais élèves en Europe.
Le handicap touche pourtant une part importante et croissante - dû au vieillissement - de la population. Je veux être précis : il y a pour moi trois problèmes majeurs qui doivent être traités : l’accessibilité, l’accès à l’emploi et la place dans la société des personnes en situation de handicap.
Sur ces trois sujets, la loi de février 2005 a permis des avancées, mais elle reste bien insuffisante : manque de moyens financiers, longueur des délais de mise en oeuvre et absence de contrôle. Alors, comment fait-on ?
D’abord, l’accessibilité :aujourd’hui, le droit de circuler librement n’est pas garanti pour tous. J’aimerais que l’on réfléchisse à cette idée simple : bien souvent, c’est l’environnement qui crée le handicap et non la personne. Voici pourquoi je pense qu’il faut réduire sans concession les dérogations prévues par la loi de février 2005 et agir en amont en formant, notamment, les architectes et les enseignants.
Ensuite, la formation et accès à l’emploi : le taux d’emploi des personnes handicapées est de 30% contre 61% pour l’ensemble de la population ! 80% des travailleurs handicapés inscrits à l’ANPE ont un niveau inférieur ou égal au CAP/BEP.
Toute insertion dans la vie professionnelle est limitée par cette sous-qualification chronique.
Il faut donc absolument assurer la scolarisation des enfants et des jeunes handicapés en y mettant les moyens humains.
Dernier point, la place des personnes en situation de handicap dans la société : là encore, c’est une action concrète qu’il faut engager en créant, par exemple, des centres de relais téléphoniques pour les personnes malentendantes comme c’est le cas aux Etats-Unis, ou encore en généralisant le sous-titrage des programmes télévisuels. D’ailleurs, si l’on peut se réjouir de l’organisation de nos débats télévisuels, on doit regretter que rien n’ait été prévu pour les personnes malentendantes !