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Frédéric LAVAL, Conseiller Départemental des Hautes-Pyrénées
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10 juillet 2005

Les éléphants du Parti Socialiste

Au PS, concert de barrissements

Les éléphants ont dépêché leurs fidèles pour railler les propos de Royal.

Haro sur Royal ou bravo Ségolène ? Pour ce qui apparaît comme sa véritable entrée en précampagne présidentielle, la socialiste préférée des Français pour 2007 a frappé fort. Au risque de désarçonner, voire de choquer ses concurrents pour l'investiture du PS, comme Laurent Fabius, Jack Lang ou Dominique Strauss-Kahn, elle s'est attaquée à l'un des sujets que les socialistes manient avec des pincettes : la sécurité. En déclinant une série de propositions musclées sur le sujet dans un discours prononcé mardi soir à Bondy (Seine-Saint-Denis), la députée des Deux-Sèvres, fidèle à sa méthode, rebaptisée «ségolisme» par ses soins, s'est attachée à démontrer la justesse de son concept d'«ordre juste».

Pré carré. Mais certains socialistes n'ont pas compris qu'elle mette si franchement les pieds dans le pré carré de la droite, plus particulièrement dans celui de Nicolas Sarkozy. Dominique Strauss-Kahn a porté le fer hier soir : «On ne gagne rien à vouloir dépasser son adversaire sur son propre terrain : on a un Sarkozy dans le pays, ce n'est pas la peine d'en avoir deux», a-t-il fulminé sur Canal +. Peu après, c'est Laurent Fabius qui pestait sur BFM-TV : «Si on prend les mêmes recettes que M. Sarkozy on ne va pas arriver à de meilleurs résultats.» Est-ce de crainte d'être accusés des pires maux, toujours est-il que les présidentiables du PS, hostiles à sa sortie, se sont bien gardés, dans un premier temps, de la contester publiquement, préférant laisser leurs éléphanteaux barrir à leur place. «Dérive droitière sans précédent dans le PS», a tonné Jean-Luc Mélenchon, proche de Laurent Fabius. Selon lui, «il n'y a aucune chance que les socialistes se rassemblent sur une telle ligne réactionnaire». De la même manière, Jean-Christophe Cambadélis, proche de Dominique Strauss-Kahn, a reproché à la présidente de Poitou-Charentes de «nous [avoir] fait un petit dérapage [...] La militarisation de la sécurité, ce n'est pas l'ordre juste mais juste l'ordre». Plus grave, selon lui, à force de «courir après Nicolas Sarkozy, on ne le combat pas, on le légitime». Un aphorisme que ne renierait pas Jean-Marie Le Pen, qui professe souvent que les électeurs «préfèrent toujours l'original à la copie».

A Bondy, la présidente de la région Poitou-Charentes avait pourtant pris soin de dénoncer «la faillite du ministre de l'Intérieur». Mais tenter de prendre Nicolas Sarkozy sur un terrain qu'il a préempté depuis la présidentielle de 2002 peut s'avérer aventureux et acrobatique. Battu sur ce terrain il y a quatre ans, Lionel Jospin a payé pour le savoir. Manifestement, Ségolène Royal fait le pari de récupérer les classes populaires, éparpillées entre la droite, l'extrême droite et la droite extrême, à travers le thème de la sécurité (l'ancien candidat à l'Elysée préférait le terme de «sûreté», inscrit dans la Déclaration des droits de l'homme de 1789). Sans tabou sur ce sujet, Manuel Valls, député-maire d'Evry (Essonne) et pourtant jospinien, lui a d'ailleurs apporté son soutien, expliquant que «rien ne [le] choque» dans les propos de la députée, «c'est-à-dire de faire une priorité de la sécurité, l'autorité, la règle». «Je pense qu'elle a tenu un discours clair qui est celui qui est attendu dans les quartiers populaires», a ajouté ce spécialiste des questions de sécurité.

Blanc-seing hollandais. Candidat à l'investiture socialiste pour la présidentielle, Jack Lang a d'abord opiné aux propos de sa concurrente : «Plus de fermeté, c'est normal.» Pour s'en démarquer quelques heures plus tard, faisant part de sa «perplexité» face aux propositions de Ségolène Royal. Quant à François Hollande, premier secrétaire du PS, loin de désavouer sa compagne, il a expliqué : «Si on veut s'adresser aux catégories populaires, il faut parler aux gens qui vivent ces difficultés, c'est-à-dire la précarité et l'insécurité.» Une sorte de blanc-seing à la stratégie «royaliste» de contournement du PS : jouer l'opinion contre un appareil qui est loin de lui être acquis.

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